Un chercheur d’Amnesty International, âgé de 65 ans, s’est suicidé, blâmant son énorme charge de travail et le manque de soutien de ses supérieur. Une note a été adressée à son épouse et à son fils, et une autre adressée aux dirigeants d’Amnesty International, avant de se suicider la nuit du 25 mai 2018. Une enquête indépendante a été ouverte.
Qui était Gaëtan Mootoo ?
Chercheur en Afrique de l’Ouest, Gaëtan Mootoo a travaillé pour le Secrétariat international d’Amnesty International, basé à Londres, depuis les bureaux parisiens de l’organisation. Lors d’une restructuration en 2014, les effectifs d’Amnesty International en Afrique de l’Ouest ont été transférés à Dakar, au Sénégal. La réorganisation a pour cela entraîné la démission de plusieurs collègues de M. Mootoo à Paris, dont son plus proche collaborateur.
Il est apparu que le défunt était ainsi resté isolé en tant que seul membre du personnel du Secrétariat international encore en fonction à Paris. Les demandes répétées de recrutement d’un adjoint avaient été ignorées. De même pour les avertissements de ses collègues à la direction sur la précarité de la situation de Mootoo.
Investigation sur la mort tragique du chercheur
L’enquête indépendante commanditée par Amnesty International sur la mort de Gaëtan Mootoo a conclu que les multiples manquements à l’obligation qui lui incombe depuis trois décennies constituent un grave échec de la direction, sachant que le défunt a travaillé pour l’organisation pendant 32 ans.
Unite, qui représente des centaines de membres du personnel d’Amnesty International dans le monde entier, a révélé qu’un employé sur trois récemment interrogé par le syndicat se sentait maltraité ou intimidé au travail depuis 2017. L’enquête interne s’est déroulée au secrétariat international, qui compte plus de 600 employés. Unite n’a cependant pas été en mesure de fournir des chiffres sur le nombre de personnes interrogées.
Résultats de l’enquête
James Laddie, QC (Queen’s Counsel), a estimé que Mootoo, 65 ans, avait apporté une contribution durable et fructueuse à Amnesty. »Davantage d’efforts auraient pu et auraient dû être faits pour lui permettre de servir ses dernières années avec dignité. Ses dernières années ont été marquées par la fatigue et la désillusion, en partie à cause de sa retraite imminente et de la baisse de productivité. Mais il était aussi très mécontent d’un sentiment justifié d’avoir été abandonné et négligé« , a-t-il conclu.
L’une des principales conclusions du rapport était que le secrétariat, en particulier l’équipe de direction, n’avait pas apprécié le fait que M. Mootoo continue à travailler et que le secrétariat n’avait pas donné suite à ses préoccupations en matière de santé en 2016 et 2018. Ce dernier avait pourtant fait des efforts acharnés pour persuader ses responsables de recruter un assistant. Un sentiment que ses demandes n’avaient pas été sérieusement prises en considération était en partie la cause de son suicide. Les autorités françaises ont toutefois qualifié cette situation tragédie étant un accident du travail. Sa famille pourrait, en conséquent, réclamer une indemnisation.